Négociations difficiles lors du sommet sur la Syrie à Sotchi
Le Congrès national du dialogue syrien s’est achevé mardi 30 janvier dans la station balnéaire du sud de la Russie, Sotchi. Organisé par la Russie et ses alliés iranien et turc, le sommet a été emmaillé d’incidents même s’il a débouché sur de timides avancées.
Echec pour les uns, succès pour les autres
Nombreux sont les observateurs internationaux qui ont conclu à l’échec de ces négociations. A l’instar des discussions qui se sont déroulées à Vienne les 25 et 26 janvier derniers sous l’égide de l’ONU, les négociations de Sotchi ont dû faire face à un certain nombre de difficultés. Le Comité des négociations syriennes (CNS), qui regroupe la quasi-totalité des factions anti-régime, avait ainsi déclaré qu’il ne participerait pas au sommet de Sotchi en l’absence de concessions obtenues de la part de Damas. Les Kurdes de Syrie, combattus depuis le 20 janvier par l’armée turque à Afrin, ont également choisi de boycotter les négociations, en raison de l’aval de la Russie accordé à son allié turc dans cette opération. A leurs yeux, cela délégitime Moscou dans sa recherche d’un dialogue politique. Quant au gouvernement syrien, il s’est contenté d’envoyer à Sotchi des représentants du parti Baas.
Maintes fois reportée, la Conférence du dialogue Syrien qui a réuni 1600 participants et devait à l’origine durer quarante-huit heures, a été réduite à une journée. Surtout, elle a été entachée de nombreux incidents, à commencer par le refus de quelque 70 opposants au régime de Damas, venus d’Ankara, de sortir de l’aéroport en raison de la présence du drapeau officiel syrien sur les panneaux d’accueil. Un peu plus tard, lors de l’ouverture de la Conférence, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a été pris à partie par un opposant qui a accusé Moscou de « tuer des civils » en Syrie[1]. Malgré ces événements embarrassants pour la diplomatie russe, le Kremlin a estimé que la Conférence avait été un « succès »[2].
Des avancées qui restent à confirmer
La réunion s’est achevée sur un appel à l’organisation d’élections démocratiques afin de permettre au peuple syrien de décider seul de son avenir et de son système politique. Il a en outre été décidé de mettre en place une commission composée de 168 membres en charge de rédiger une nouvelle Constitution syrienne. L’opposition a toutefois estimé qu’elle ne serait qu’un moyen au service des intérêts de Bachar Al-Assad.
Moscou a ainsi cherché à transformer le relatif succès du processus d’Astana qui revêt avant tout une dimension militaire, en un succès politique. La prochaine réunion a d’ailleurs été fixée dans la capitale du Kazakhstan, à la fin du mois de février. L’émissaire de l’ONU pour la Syrie Staffan de Mistura, qui se trouvait à Sotchi, a déclaré : « nous n’avons pas besoin d’un nouveau processus, nous n’avons pas besoin d’un processus concurrent »[3]. Il a précisé qu’il fixerait lui-même les critères de participation à la commission qui se penchera sur la nouvelle Constitution. M. de Mistura a également indiqué qu’il sélectionnerait des membres issus de toutes les factions de la société syrienne, dans un souci de représentativité la plus large possible et sans doute dans le but de désamorcer les critiques dont ce comité fait déjà l’objet avant même sa mise en place.
[1] À Sotchi, la conférence sur la Syrie vire à la confusion, Le Figaro, 31 janvier 2018.
[2] Conférence mouvementée à Sotchi sur la paix en Syrie, RFI, 30 janvier 2018.
[3] À Sotchi, le congrès pour la paix en Syrie organisé par la Russie tourne court, France 24, 31 janvier 2018.